CESNUR - center for studies on new religions

Anti-Cult Law in France

MISSION INTERMINISTERIELLE DE LUTTE CONTRE LES SECTES

RAPPORT 2000

ETUDE DE CAS

La "galaxie" anthroposophique [14]

AVANT-PROPOS

Dans son premier rapport annuel, la Mission a choisi de distinguer, entre les mouvements déclarés sectaires par d'autres instances qu'elle-même, trois catégories de groupements :

Le rapport de la Mission pour 1999 avait choisi d'étudier deux cas relevant de la première catégorie.

Pour l'année 2000, un chapitre est ainsi consacré à l'étude d'un organisme ou, plutôt dans le cas présent, d'un ensemble d'organismes posant question au regard des compétences attribuées à la Mission interministérielle de lutte contre les sectes.

Ces organismes disposant de statuts juridiques divers ont en commun de se référer dans leurs textes statutaires ou dans leur pratique à la pensée de Rudolf Steiner, polygraphe autrichien (1861-1925) et connue sous le nom d'anthroposophie.

Pour réaliser cette étude et conduire une analyse autonome dans le cadre des prérogatives de puissance publique qui lui sont reconnues par le décret institutif du 7 octobre 1998, la Mission a défini une méthode de travail composée de cinq phases ;

Ce choix de méthode indique clairement que la Mission entend exercer son rôle et ses fonctions d'observation, d'analyse et d'orientation des actions de l'Etat sur son champ d'intervention en s'appuyant sur toutes les sources d'information disponibles. L'exercice est difficile. Celui qui vient d'être accompli cette année prouve qu'y compris avec des groupes avec lesquels il paraît possible de dialoguer en partageant le sens des mots, il peut apparaître qu'un même terme soit employé avec une acception différente selon qu'il est utilisé au sein de la structure ou dans le langage commun.

Les entités juridiques, fondées à partir de la pensée anthroposophique qui manifestent une activité sur le territoire national sont nombreuses et variées. Il est cependant possible de classer celles-ci dans trois rubriques définies en fonction de leurs types d'activités économique, sociale ou culturelle :

Il n'est guère de domaine dont l'anthroposophie se désintéresserait, au moins en intention. Cette démarche implique, quel que soit le degré d'autonomie des mouvements qui s'y réfèrent, une solidarité fonctionnelle qui en assure la cohésion mentale et en soutienne l'expansion.

Faut-il parler de stratégie globale ? En tout cas, l'activité de type bancaire de la société financière "Nouvelle Economie Fraternelle", membre du "mouvement bancaire anthroposophique international", inscrit l'action des associations et entreprises se référant à l'anthroposophie dans le vaste ensemble de l'économie sociale et peut conduire ces entités à être en relation entre elles.

L'étude de cas porte sur trois aspects de l'anthroposophie, observables en France :

L'anthroposophie n'a guère fait l'objet, du moins jusqu'à présent, de recherches académiques en France. Outre les représentants de plusieurs mouvements anthroposophiques, la Mission a cependant tenu à entendre le Dr Badewien, auteur de "Waldorfpädagogik-christliche Erziehung ?", Konstanzer theologische Reden 4, (1987) et de "Anthroposophie, eine kritische Darstellung", Konstanz, Friedrich Bahn, (1990). Elle n'a pas pu prendre connaissance de l'étude, probablement fort documentée, du Pr Paul Ariès dont la publication est annoncée dans le courant de l'année 2001.

ANTHROPOSOPHIE ET "DEVELOPPEMENT SOCIAL"

EXEMPLE DE LA PEDAGOGIE MISE EN OEUVRE AU SEIN DES ECOLES WALDORF-STEINER EN FRANCE

L’étude de la galaxie anthroposophique conduit à poser la difficile question des liens entre doctrines et attitudes sociales. Dans le cas de structures multiples, éparpillées, disposant de statuts juridiques divers, ayant des objets professionnels ou sociaux bien caractérisés, le seul lien apparent semble être la référence à un "penseur" disparu en 1925 après avoir répandu sa doctrine de façon non systématique, par d'innombrables écrits ou propos de conférence diffus et souvent répétitifs.

A la lecture de cette abondante production, on ne peut que s'interroger, en particulier, sur certaines de ses allégations pouvant supposer la promotion d'idées élitistes ou pire, à travers de multiples propos sur le sang et la race, susceptibles d'être interprétées comme racistes [16] . Exposées publiquement aujourd'hui, ces opinions pourraient faire l'objet en France de procédures judiciaires, en vertu des articles 225.1 et suivants du Code pénal.

Le problème est donc difficile. Où passe la frontière entre l'analyse de la doctrine et le jugement, par définition interdit, sur des éléments plus proches de la croyance que de la rationalité ? Peut-on auditionner les dirigeants actuels d'un mouvement stigmatisé par un rapport d'enquête parlementaire [17] sans aborder les textes de référence qui cimentent ces enseignements et les relient à l'ensemble des groupements qui se réclament de l'anthroposophie ?

Pratiquement, peut-on exercer le contrôle d'établissements scolaires sans appréhender les référents pédagogiques et par là même, éthiques et doctrinaux, des établissements inspectés ? Peut-on s'arrêter à l'affirmation de l’application d’une pédagogie particulière, sans s’interroger plus loin sur le contenu et le sens des termes employés, à la fois dans l'acception commune de notre société et dans le langage interne du mouvement ?

DOCTRINE ET CONCEPTIONS PEDAGOGIQUES

La biographie de Rudolph Steiner montre à quel point il fut un polygraphe, ce qui semble être souvent la caractéristique commune aux fondateurs et dirigeants de groupes à caractères sectaires, mais aussi aux penseurs humanistes. Dans le cas de la pédagogie, ce serait à la demande de l’un de ses amis [18] que R. Steiner entame des conférences en 1919, et que va naître le mouvement des Ecoles Waldorf (appelées généralement en France écoles Steiner).

Il est très difficile de dissocier les préceptes éducatifs de l’ensemble de l’oeuvre de R. Steiner. D’abord parce que lui même imagine la pédagogie comme une semence, des "germes déposés au début de la vie [de l’enfant] qui y demeurent latents, poursuivant une vie obscure sous la surface de sa conscience, jusqu’au jour où ils se manifestent d’une façon remarquable, souvent au bout d’un grand nombre d’années…"[19]19 Mais quel pédagogue n’est pas persuadé de la longue portée de son enseignement ? Que sème R. Steiner ? Une conception de l’homme et de l’univers, une Weltsanschauung pour utiliser les termes de l’époque, que bien des parents seraient probablement surpris de découvrir aujourd'hui .

L’anthroposophie, en effet, est issue de la théosophie fondée H.P. Blavatsky et Annie Besant. Steiner adhère à ces conceptions dès 1902. Il s’en sépare en 1913 en raison de divergences doctrinales, mais aussi, semble-t-il, pour des questions de pouvoir. Il reprend l’essentiel de la doctrine théosophique, en l'axant plus nettement sur le personnage central du Christ, qui n’est plus un prophète parmi d’autres, comme pour les théosophes, mais reste cependant très éloigné du Christ des grandes confessions chrétiennes [20].

La conception du monde de Steiner est fondée sur une néo-interprétation des cycles de réincarnation orientalistes et, comme pour les théosophes, sur un Livre révélé "en rêve" à Steiner, les Chroniques d’Akkacha. Selon lui l’Humanité connaîtrait quatre stades : minéral, végétal, cosmique et stade du " Je ", qui correspondent à quatre corps (ou karma) : physique, éthérique, astral et corps du " Je ". Le but initial, pour les enseignants, est donc de repérer à quel stade d’évolution sont les enfants qui leur sont confiés, de façon à leur permettre un maximum de développement au stade où ils se situent. On retrouve cet apprentissage des stades, et des karma dans le " sermon du matin " [Morgengespruch] que le théologien protestant allemand Badewien assimile à une prière ésotérique et qui a été observé dans l’école de Sorgues [21] , dans le cadre des inspections conduites par le ministère de l’Education Nationale. On le retrouve aussi dans l’affirmation de Steiner lui-même : " baser la pédagogie sur une observation purement intellectuelle et extérieure à la nature de l’enfant, c’est édifier une pédagogie boîteuse ". On retrouve cette observation de la " nature " de l’enfant ou de l’adulte chez les médecins anthroposophes.

LES PRATIQUES PEDAGOGIQUES ISSUES D’UNE TELLE DOCTRINE

A l’évidence, le constat préoccupant sur le niveau des enseignants, fait par l’Education nationale [22] s’explique : les enseignants ne seraient pas recrutés pour leur formation intellectuelle et pédagogique, mais pour " leur parcours qualifiant de vie " [23] . Ils doivent, selon Steiner, marquer les enfants par la maîtrise qu’ils ont de leur tempérament. "Pour le petit enfant, jusqu’au moment de la nouvelle dentition, toute l’importance de l’éducation réside dans la nature de l’éducateur. Puis jusqu’à la puberté, l’essentiel est que le maître soit un artiste capable de modeler la vie. C’est seulement lorsque l’enfant atteint la quatorzième ou quinzième année que son instruction et son éducation exigent du maître qu’il lui communique les connaissances mêmes qu’il a acquises."[24]

Comment s’étonner alors des retards signalés par le rapport d’inspection et l'incertain respect du décret du 23 mars 1999 sur les méthodes actives ? Pour Steiner, l’enfant doit d’abord imiter, puis imaginer, et seulement à l’adolescence acquérir des connaissances intellectuelles.

L’éducateur n’est plus un enseignant, mais quelqu’un dont la " profession devient un sacerdoce, où la nature humaine elle-même est conduite vers l’éveil à la vie ".

Comment s’étonner aussi du refus réaffirmé d’un contrôle de l’Etat par l’ensemble des écoles Waldorf-Steiner de par le monde? Par définition, il faut "détacher totalement l’enseignement de la vie de l’Etat et de l’économie. L’organisation sociale des personnes qui participent à l’enseignement ne doit dépendre d’aucune autre puissance que de ceux qui y travaillent. La gestion des établissements d’enseignement, la mise en place des cours et des programmes doivent être exclusivement confiés à des personnes qui en même temps enseignent ou ont dans la vie de l’esprit une activité productive. Chacune de ces personnes partagerait son temps entre l’enseignement ou une autre activité créatrice de l’esprit, et la gestion du système d’enseignement [25] ". L’école devient un isolat culturel, hors de la vie du siècle. Cela renvoie aux conceptions d’anciens pédagogues qui pensaient en créant un microcosme idéal, transformer le macrocosme, et donc créer un nouvel homme. Comment s’étonner de ce qui a semblé surprendre les inspecteurs ? L’eurythmie, imitation simpliste et pour des stades peu évolués de la musique qui remplit le " karma duJe " ? L’Histoire vue comme une suite de mythes nourrissant l’imaginaire ? [26]

Au plan sanitaire, l’absence de vaccinations surprend également [27] . Les vaccinations ne peuvent agir sur les vraies causes des maladies, situés souvent ailleurs que dans le corps physique. Pour parvenir à traiter et harmoniser les différents corps de l’individu, la médecine anthroposophique, outre l’allopathie ou l’homéopathie, utilise la phytothérapie [28] , mais aussi " la peinture thérapeutique, le modelage, la musique ou l’eurythmie curative "[29] . Cette dernière, curative ou non, est fortement remise en cause dans le rapport d’inspection de l’Education nationale. Les inspecteurs de la Direction départementale de l'Action sanitaire et sociale (DDASS) de l’Yonne précisent, pour l’Institut médico-pédagogique (IMP) inspecté, que " les comptes-rendus du psychomotricien qui pratique l’eurythmie curatrice sont basés sur une analyse fumeuse ", faisant craindre en conclusion " un probable système de fonctionnement pédagogique très orienté, voire mystique " [30]. A Strasbourg, les inspecteurs et le médecin qui assistent à une séance d’eurythmie en 4° classe sont très critiques : " …revêtus de tuniques uniformes et de la même couleur, ils ont essentiellement imité le professeur d’eurythmie. Aucune initiative ne leur a été offerte… Il s’agit sans doute de la séance la plus étrange qui nous ait été donnée à voir ". Ce rapport est contesté par les dirigeants de la Fédération des Ecoles Steiner et par les chefs des établisssements visités. A Strasbourg, le directeur insiste sur " l’attitude peu compréhensive " des inspecteurs [31] , ce que soulignent aussi MM. Dallé et Dahan, représentants de la Fédération des écoles Steiner, auditionnés le 19 octobre 2000 à la Mission.

On peut aussi s’interroger sur l’appartenance des enseignants. Ils répètent à l’envi que la doctrine de Steiner n’est pas enseignée ("sauf dans les grandes classes"), mais nombre d’entre eux sont membres soit de la Société anthroposophique, soit de la "Communauté des Chrétiens en France"[32] . La question qui se pose alors est celle de la qualification des écoles : il ne s’agit pas à proprement parler d’écoles alternatives, mais d'établissements scolaires se rattachant à une doctrine, l'anthroposophie. Or, certains parents semblent l'ignorer. La même ignorance peut se manifester chez les patients de médecins anthroposophes ou se référant à une " méthodologie " et à une pratique anthroposophique : " Tout membre du Mercure Fédéral [33] s’interdit de faire apparaître son appartenance à une association de médecins anthroposophes ". En revanche "la transparence s’applique dans la relation entre, d’une part, les médecins anthroposophes et, d’autre part, des entités comme les pharmaciens anthroposophes, notamment ceux de la société Weleda."[34]

ANTHROPOSOPHIE ET "DEVELOPPEMENT SOCIAL"

EXEMPLE DE LA MEDECINE ANTHROPOSOPHIQUE

La médecine anthroposophique s'affirme en tant que telle et s'inscrit dans un "mouvement philosophique et scientifique" auquel Rudolf Steiner a donné naissance. Les médecins qui s'y réfèrent et qui s'en réclament ont constitué des associations qui se sont unies en juillet 1998 au sein du "Mercure fédéral", association dont les statuts ont été déposés auprès de la sous-préfecture de Palaiseau (91) et enregistrés le 28 juillet 1998.

La médecine des anthroposophes est qualifiée de "médecine traditionnelle sacrée" par Claudine Brelet dans un article paru dans la revue "CELT". Elle prétend prendre en compte le "Moi total" en partant du postulat que "la biopathologie, la physiologie, que nous enseigne aujourd'hui la faculté, ne nous donnent qu'une réponse très partielle aux questions que nous nous posons sur le cheminement de l'homme malade [35] ".

La médecine commune est ainsi définie comme n'étant "bien souvent qu'une science des étiquettes (la sémiologie) un répertoire composé de trois colonnes : signes, diagnostic thérapeutique où nulle part la personnalité du médecin et celle du malade ne communient"[36] .

Qualifiant ces médecins de "prétendus scientifiques", l'auteur considère que ceux-ci "ont oublié que l'homme dispose de ce dont aucune créature n'a disposé avant lui ; l'esprit, le Moi. Grâce à cet esprit, l'homme issu de la Nature est la Nature. L'homme issu du Soleil éclaire. Et l'homme issu de Dieu est Dieu. Ainsi tout s'éclaire : le médecin comprend et apprend à suivre et à maîtriser ces courants d'énergie dans l'homme, et dans l'univers ces rythmes qui relient les humains aux planètes"[37] .

Poursuivant sa description du regard des médecins anthroposophes sur l'homme et en premier lieu sur l'homme malade, Claudine Brelet précise : "l'homme appartient à la communauté cosmique, et à la communauté terrestre en particulier. Il n'a pas d'existence en dehors de cette communauté. L'idée de microcosme contenant le macrocosme universel passe ainsi dans le domaine de la réalité, de la connaissance et, par voie de conséquence, dans le domaine de la médecine. Alors, il n'est pas de médecine proprement humaine, mais une médecine de l'univers tout entier [38] ".

Le "Mercure fédéral", autrement dénommé "Union des associations médicales anthroposophiques de France", était composé à son origine de cinq associations. Il a récemment accueilli, selon les dires de son président, une sixième composante "l'Institut Kepler", apparaissant ainsi à la fois diversifié et uni autour de la "pensée".

S'inscrivant dans une dimension internationale, la démarche des médecins anthroposophes peut aussi être mieux appréhendée par la consultation des sites web étrangers. Ainsi, le site suisse www.edicom.ch/sante/conseils/altern/anthro.html (mis à jour au 8 novembre 2000) ouvre sa présentation sur l'affirmation suivante : "autant le dire tout de suite, l'anthroposophie, dont les bases ont été posées au début du siècle par Rudolf Steiner, ne se contente pas de traiter l'organe malade. A la fois médecine, mais aussi pédagogie, science spirituelle, enseignement ésotérique et philosophie appliquée, elle met l'homme dans une perspective plus large que le seul corps humain. Dans cette approche, lorsque le corps physique est malade, il faut bien évidemment le traiter. Mais pour le médecin anthroposophe, il s'agit aussi de compter avec des corps plus subtils, notamment le corps éthérique, le corps astral et le "je", ou esprit humain, qui englobe les trois précédents.

C'est généralement dans le corps éthérique, siège des énergies vitales, et le corps astral, siège des sensations et des émotions que la maladie a en fait pris naissance avant de se manifester dans la matière, c'est-à-dire dans le corps de chair et de sang. Il s'agit donc de réharmoniser ces différents corps, afin que tous, du plus sensible au plus dense, visent à l'unisson. Ce qui semble être à la fois la condition et la définition d'une bonne santé. Pour y parvenir et agir aux différents niveaux, la médecine anthroposophe dispose de moyens très diversifiés. Ainsi, la peinture thérapeutique, le modelage, la musique ou l'eurythmie curative font parfois partie intégrante d'un traitement".

Pour les créateurs suisses de ce site, l'anthroposophie est donc à considérer comme "l'une des cinq médecines complémentaires désormais prises en charge par les caisses maladie"[39] .

Le débat ouvert à l'échelle européenne et en tout premier lieu au sein de l'Union européenne mérite d'être clarifié, compte-tenu de la diversité des informations diffusées au sujet de cette "philosophie mise en pratique" et des incertitudes qui peuvent en résulter, notamment dans l'opinion.

De ce point de vue, la question écrite posée par le sénateur Haenel à Mme la Secrétaire d'Etat à la Santé et à l'Action sociale apporte quelques éclaircissements du point de vue français mais aussi dans une perspective plus étendue, celle de l'Europe.

Cette question du 10 février 2000, posée sous le numéro 22731, est la suivante :

"M. Hubert Haenel attire l'attention de Mme la Secrétaire d'Etat à la Santé et à l'Action sociale sur la médecine anthroposophique. Il observe que cette forme de médecine bénéficie d'une reconnaissance officielle dans les pays d'Europe du nord (Scandinavie, Pays-Bas, Allemagne et, prochainement semble-t-il, Grande-Bretagne) où elle est pratiquée par environ 4000 médecins ; que certains médicaments anthroposophiques ont été assimilés aux médicaments homéopathiques par la directive européenne 92/73 ; que le Parlement européen a, dans sa résolution du 27 mai 1997, cité la médecine anthroposophique parmi les méthodes thérapeutiques bénéficiant d'une reconnaissance légale dans certains Etats membres et a demandé que soient affectés à l'évaluation clinique de cette médecine des crédits européens. Or, il note que, parallèlement, la médecine anthroposophique, qui est exercée en France par 350 praticiens, a été classée parmi les mouvements sectaires par le rapport de l'Assemblée nationale "Les sectes et l'argent", rendu public en juin 1999. Il souhaite donc connaître la position du gouvernement français à l'égard de cette forme de médecine non conventionnelle et de l'homéopathie en général".

La réponse de la Secrétaire d'Etat, publiée dans le journal officiel du Sénat du 7 septembre 2000, a été ainsi formulée :

" La médecine anthroposophique [qui] s'inspire d'une tradition mystique et ésotérique d'origine occidentale,. n'est pas une technique médicale reconnue et n'a fait l'objet d'aucune évaluation attestée. Aussi, elle ne fait pas partie des médecines non conventionnelles, telle l'homéopathie, pour lesquelles, dans l'esprit de la résolution du 27 mai 1997 du Parlement européen évoquée par l'honorable parlementaire, la France a entrepris certaines actions dans la perspective de s'engager dans un processus de reconnaissance de ces médecines, tout en veillant à protéger les malades des déviances (charlatanisme, sectes…) nombreuses en ces domaines".

Compte-tenu d'une actualité, à la fois nourrie et diffuse autour de l'anthroposophie, le sénateur Haenel a réinterrogé oralement la Secrétaire d'Etat à la Santé et aux Handicapés lors de la séance du 7 novembre 2000 en précisant son analyse et ses interrogations au regard, notamment, des travaux en cours au niveau de l'Union européenne, tant au sein du Parlement que de la Commission.

"Mme la Secrétaire d'Etat, pouvez-vous préciser vos intentions au sujet de la reconnaissance officielle des médecines non conventionnelles, tout particulièrement de la médecine anthroposophique ? Les éléments que vous m'avez adressés en réponse à une question écrite que je vous avais posée à cet égard étaient, en effet, quasi "ésotériques", ce qui explique que je revienne à la charge.
Dans sa résolution du 27 mai 1997, le Parlement européen constate que le recours d'une partie de la population des Etats membres de l'Union à certaines médecines non conventionnelles ne peut être ignoré. Partant de ce constat, il considère qu'il est important d'assurer aux patients une liberté de choix thérapeutique aussi large que possible en leur garantissant, bien sûr, le plus haut niveau de sécurité, l'information la plus correcte sur l'innocuité, la qualité, l'efficacité et les éventuels risques des médecines dites "non conventionnelles", ainsi qu'une protection contre les personnes non qualifiées. Dans cette même résolution, le Parlement européen demande à la Commission de s'engager dans un processus de reconnaissance des médecines non conventionnelles et, notamment, d'élaborer en priorité une étude approfondie sur l'innocuité, l'opportunité, le champ d'application et le caractère complémentaire et/ou alternatif de chaque discipline non conventionnelle.
Or, lorsque je vous ai interrogée, Mme la Secrétaire d'Etat, par le biais d'une question écrite, sur la reconnaissance officielle de la médecine anthroposophique, vous m'avez répondu, le 7 septembre dernier, qu'il s'agissait d'une "tradition mystique et ésotérique d'origine occidentale" qui ne faisait pas partie des médecines conventionnelles pour lesquelles la France avait entrepris certaines actions dans la perspective de s'engager dans un processus de reconnaissance officielle, dans l'esprit de la résolution du 27 mai 1997 du Parlement européen.
Vous ajoutiez que, parallèlement à ces actions, vous veilliez à protéger les malades des déviances - charlatanisme, sectes…qui sont nombreuses en ce domaine. Vous étiez là parfaitement dans votre rôle.
Or, Mme la Secrétaire d'Etat, la médecine anthroposophique fait bien partie des médecines non conventionnelles pour lesquelles le Parlement européen invite la Commission à entamer des études approfondies.
Si vous travaillez effectivement dans l'esprit de cette résolution, vous ne pouvez donc ignorer cette médecine. En effet, le Parlement indique, dans son "sixième considérant", que certaines médecines non conventionnelles bénéficient d'une forme de reconnaissance légale dans certains Etats membres, en particulier la médecine anthroposophique. Il ajoute, dans son "huitième considérant", qu'une évolution des législations s'est déjà manifestée, notamment par l'introduction des médicaments dans la pharmacopée, et cite en exemple la médecine anthroposophique en Allemagne. Nous sommes là bien loin, convenez-en, de la description que vous avez faite, Mme la Secrétaire d'Etat, d'une application d'une idée mystique traditionnelle de l'Occident suspecte de sectarisme et de charlatanisme !
Il va de soi que le double principe de la liberté pour les patients de choisir la thérapeutique qu'ils souhaitent et de la liberté pour les praticiens d'exercer leur profession implique qu'il faut garantir l'innocuité et la qualité des traitements dispensés, assurer une formation appropriée des praticiens, codifier leur statut professionnel et introduire les remèdes de ces médecines dans la pharmacopée européenne.
En conclusion, nos concitoyens sont en droit de connaître votre position, Mme la Secrétaire d'Etat. Celle-ci doit être claire et déterminée à l'égard tant de la médecine anthroposophique que de la mise en oeuvre des études nécessaires à l'engagement, le cas échéant, d'une procédure de reconnaissance officielle de celle-ci par la France afin d'en finir une bonne fois pour toutes avec les ambiguïtés actuelles et, parfois, avec les procès en sorcellerie engagés ici ou là.
Nos concitoyens sont en droit d'attendre des pouvoirs publics qu'ils prennent une position officielle dans le cadre national et européen
".

La Secrétaire d'Etat a apporté les réponses et les précisions suivantes :

"M. le Sénateur, vous appelez mon attention sur les mesures qui ont été prises en France pour assurer la reconnaissance de la médecine anthroposophique.
Je récuse le qualificatif de "charlatanisme", mais je maintiens que la médecine anthroposophique s'inspire d'un mouvement mystique et ésotérique d'origine occidentale. Ce n'est pas une technique médicale reconnue et elle n'a fait l'objet d'aucune évaluation validée scientifiquement. Si la résolution du 27 mai 1997 du Parlement européen, à laquelle se réfère votre question, constitue une première étape dans la voie de reconnaissance des médecines non conventionnelles, elle présente le caractère d'une recommandation et ne saurait avoir actuellement une valeur contraignante. Par ailleurs, la directive 92/73/CEE du 22 septembre 1992 élargissant le champ d'application des directives précédentes concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives relatives aux médicaments et fixant des dispositions complémentaires pour les médicaments homéopathiques, sur laquelle vous vous fondez pour solliciter la reconnaissance de la médecine anthroposophique, ne réglemente pas à proprement parler deux types de médicaments, respectivement homéopathiques et anthroposophiques.
Ce texte se borne à préciser, dans ses considérants d'introduction et non dans son dispositif, que les médicaments anthroposophiques ne sont assimilables aux médicaments homéopathiques que dans la mesure où ils sont décrits dans une pharmacopée officielle et préparés selon une méthode homéopathique. Loin de placer les deux types de médicaments sur un même pied, cette assertion illustre parfaitement les limites que rencontre actuellement le concept de médecine anthroposophique. Sur l'ensemble de ces sujets, le gouvernement français observe une attitude pragmatique. Il s'est, en conséquence, déjà engagé dans un travail sur l'ouverture à des non-médecins de la pratique de certaines techniques jusque-là réservées aux médecins, telles que l'ostéopathie ou la chiropraxie. La reconnaissance de la médecine anthroposophique ne fait pas, pour le moment, partie de ses préoccupations
".

Existe-t-il une "médecine anthroposophique" ou ne s'agirait-il pas plutôt au jour d'aujourd'hui d'une "pratique médicale" ou d'une "technique médicale" comme le souligne la Secrétaire d'Etat à la Santé ?

La reconnaissance n'est donc pas acquise, si la question a été posée. Le secrétariat d'Etat à la Santé, pour ce qui le concerne, ainsi que d'autres départements ministériels compétents devraient être en mesure d'exercer leur vigilante attention à l'égard des développements éventuels de cet aspect particulier de l'anthroposophie.

UNE DEMARCHE BANCAIRE, MOTEUR D'UNE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT

Liens et réseaux

La question des liens entre membres d'entités distinctes ayant chacune une référence à l'anthroposophie et à son fondateur, Rudolf Steiner, d'une part, et entre ces entités juridiques proprement dites, d'autre part, peut être abordée au regard des finalités et des orientations stratégiques de la Nouvelle Economie Fraternelle (NEF). Quelques éclaircissements paraissent nécessaires.

La dénomination NEF recouvre deux institutions que les fondateurs de l’une et de l’autre qualifient d’étroitement liées.

La première est l’association Nouvelle Economie Fraternelle créée en 1979 et définie par ses dirigeants comme un "laboratoire d’idées".

La seconde, Société financière de la NEF (SOFINEF), constituée par l’association en 1988, est un organisme bancaire revêtant la forme juridique d’une société anonyme affiliée à la Caisse Centrale de Crédit Coopératif.

Elle est définie par ses fondateurs comme étant un "organisme bancaire d’orientation anthroposophique".

Ceux-ci font régulièrement référence à la pensée et aux écrits de Rudolf Steiner qui inspirent tant l’association que la société financière au titre des engagements économiques et sociaux respectifs de l’une et de l’autre.

De ce fait, l’article 3 des statuts de l’Association déposés le 18 mars 1979 peut être considéré comme essentiel pour la compréhension des finalités et des choix stratégiques de la SOFINEF, notamment dans le domaine de la collecte d’épargne et dans le cadre de l’octroi de prêts :

"L’Association a pour objet :
- l’étude, en vue de sa mise en oeuvre, de la pensée économique, sociale et culturelle issue des impulsions données par Rudolf Steiner;
- l’assistance et le conseil pour la réalisation de projets d’ordre philanthropique ou social ayant un caractère manifeste de bienveillance, ainsi que la recherche de modalités adéquates pour leur financement ;
- le conseil dans l’orientation et l’utilisation des fonds destinés à ces projets.
D’une manière générale, elle cherchera à oeuvrer pour rendre plus consciente la circulation et l’utilisation de l’argent.
Elle pourra prendre toute initiative contribuant à cet objet
."

Selon leurs propres écrits, "l’Association et la Société financière sont membres de réseaux et de cercles d’institutions en France et au niveau européen, qui oeuvrent pour une économie et des rapports sociaux plus solidaires"[40] .

L'objectif essentiel que paraissent s'assigner les dirigeants de l'association NEF et de la SOFINEF depuis 1995 est l'accession de la Société financière à un niveau de capital susceptible de permettre l'obtention du statut d'organisme bancaire de plein exercice [41] .

Les choix stratégiques opérés conjointement par les deux structures visent à ouvrir le capital à des "prêteurs non usagers", sources de financement non directement impliquées dans le schéma "solidaire" fondé sur le soutien à des initiatives correspondant aux grands thèmes de la pensée anthroposophique et tendent à diversifier l'éventail des "actionnaires et amis notamment en direction d'entités institutionnelles".

Ainsi voit-on apparaître de façon claire et insistante dans les documents statutaires de la NEF la notion de "réseaux ". Ces réseaux rassemblent des entités signalées sous les titres :

L’appartenance aux réseaux se manifeste soit par référence aux fondements de la "pensée anthroposophique" soit par accord de partenariat avec la NEF. Celle-ci peut donc apparaître comme ayant pour stratégie de fédérer l'ensemble. Cette architecture en réseau permet d'apprécier la place occupée par la "pensée" de Steiner dans les choix d'orientation stratégique effectués au sein de la NEF.

Ainsi, au cours des années, une évolution importante s'est manifestée dans la nature et la typologie des prêts accordés. Jusqu'en 1994-1995, étaient privilègiés, semble-t-il les demandeurs de prêts, membres ou fortement engagés aux côtés de structures faisant directement ou indirectement référence à l'anthroposophie. Par la suite, l'arrivée de nouveaux organismes dans le "réseau NEF" paraît avoir modifié notablement la répartition des prêts sans que les finalités initiales aient été abandonnées ou, du moins, réorientées.

Le "mouvement Steiner" reste l'élément clef du développement stratégique. La NEF apparaît ainsi comme le fédérateur des initiatives inspirées par le mouvement tête de réseau. Les projets sont partagés par les apporteurs de capital institutionnels, dont les membres peuvent devenir de nouveaux emprunteurs et les associations porteuses du projet d’origine.

Parallèlement, il est observable que les pôles essentiels de l'expression anthroposophique, essentiellement via l'éducation et l'agriculture biologique, font l'objet d'une attention renforcée, particulièrement depuis la parution du rapport de la Commission parlementaire d'enquête " sur la situation financière patrimoniale et fiscale des sectes ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers " [42] .

Le contexte de développement rapide, tendant à mettre au service l’"économie solidaire" un instrument bancaire autonome de plein exercice inspiré par les principes de Rudolf Steiner laisse penser que les théories du fondateur de l’anthroposophie ne sont plus la référence unique de ceux qui s’engagent dans le cadre d’activités soutenues financièrement par la NEF.

Le président de l’association NEF pouvait ainsi écrire en janvier 1999 dans une "Lettre aux membres" : "la référence aux impulsions de Steiner n’a rien perdu de sa justification historique même si elle n’a plus la même signification pour tous les membres de l’association qui a vu son sociétariat beaucoup s’élargir et se diversifier. La principale initiative prise pour réaliser l’objet de l’association a été la création de la société financière de la NEF. C’est essentiellement par elle qu’à partir de 1989 a pu être expérimentée réellement la circulation transparente de l’argent et qu’ont pu être aidés et financés de nombreux projets entrant dans les champs d’action initialement choisis".

Se pose alors à l’auteur de ces propos la question de la dissolution de l’association, hypothèse dont l’examen s’avère indispensable tant pour les dirigeants de l’association que pour ceux, bien souvent communs, de la société financière, en raison d’une disposition du Ministère de l'Economie et des Finances datant de 1998 qui précise les conditions dans lesquelles les associations pourraient garder un caractère " non lucratif ".

Cette disposition induit l’incompatibilité d’une implication du président de l’association et celle du président directeur général de la société financière dans le Conseil de l’association.

Ledit Conseil s’est saisi de cette question au cours de l’année 1999. Dans l’hypothèse d’une dissolution, le président de l’association a considéré que "certaines des fonctions de l’association pourraient être assumées à l’intérieur de la future banque mais [que] demeure en tout cas la fonction de collecte de l’argent de dons [43] qui requiert le concours d’une structure de nature " fiduciaire ", donc d’une association".

Ainsi, la doctrine de l’anthroposophie devrait continuer d’être le fondement des actions menées sous l’égide de la SOFINEF au travers de son réseau, tout particulièrement dans le cadre de l’aide à la création ou à la reprise d’entreprises, d’une part, et, d’autre part, de la réinsertion sociale.

Concrètement, les décisions des dernières assemblées générales concourrent à maintenir les orientation fondatrices grâce à la confirmation ou à l'élection de dirigeants anthroposophes au sein de la SOFINEF, lors du renouvellement des instances de direction.

Il est vraisemblable, comme le signale dans un droit de réponse [44] , un dirigeant de la NEF que le Conseil de surveillance de celle-ci compte cinq membres sur huit sans relation personnelle avec le courant anthroposophique. Selon des documents communiqués à la Mission, des membres du Directoire et du Conseil de surveillance de la SOFINEF pourraient, simultanément, être membres de la "Communauté des Chrétiens en France" ou avoir des liens d'ordre familial avec des membres de la Société anthroposophique ou de la "Communauté des Chrétiens".

Cette évolution politiquement maîtrisée semble s’inscrire dans le cadre d’une européanisation, voire d’une mondialisation de l’action. En effet, la SOFINEF a pour ambition de rejoindre à cette étape de son développement des institutions bancaires d’inspiration ou de doctrine anthroposophique existant dans d’autres pays européens depuis plusieurs années, "Die Gemeinschaftsbank" en Allemagne, "De Triodosbank" aux Pays-Bas, "Mercury" en Grande-Bretagne et la " Banque Communautaire Libre " en Belgique qui interviennent sur le champ des "politiques alternatives".

Cette réalité est-elle le fruit du hasard ? Elle peut aussi être considérée comme la résultante d'une volonté stratégique de cloisonnement formel de différentes structures proches les unes des autres.

L’évolution récente de la SOFINEF vise, semble-t-il, à donner plus d’autonomie aux projets initiés par l’ensemble des organismes et entités juridiques qui sont en lien avec elle. Les courriers reçus à la Mission font apparaître que des personnes physiques ou morales associées à certaines actions des divers organismes membres des "réseaux" ne disposent pas d’une connaissance approfondie des stratégies et actions conduites en matière financière et bancaires par la Société financière.

CONCLUSION GENERALE DE L'ETUDE DE CAS

Au terme de cette première étude sur un mouvement ne relevant pas des deux premiers ensembles d'associations, tels qu'ils ont été définis dans le rapport de 1999 de la Mission, donnons une nouvelle fois la parole à un commentateur issu de l'anthroposophie, sinon missionné par elle.

"L'anthroposophie, science spirituelle élaborée au début du XXe siècle par Rudolf Steiner, ouvre, d'une part, la voie à une perception et à une compréhension approfondie des principes régissant l'être humain et la nature et, d'autre part, à une action inspirée de cette perception. Elle a entre autres engendré les écoles Steiner, la culture bio-dynamique, une démarche scientifique d'inspiration sociale, ainsi qu'une médecine et une pharmacie anthroposophique " [45] .

Ces mots sont de la plus grande importance : nous sommes ici en présence d'un mouvement qui se présente comme une "science spirituelle" et débouche sur de multiples formes d'actions conduites par des personnes physiques et morales dans les domaines les plus divers. Ces actions sont, à l'évidence, confortées par une démarche bancaire qui se veut autonome sinon indépendante.

Les implications pratiques de ces formes d'action sont visibles. Sont-elles pour autant lisibles ?

Il apparaît indispensable pour les pouvoirs publics de maintenir une politique de veille soutenue et un dispositif de contrôles coordonnés, tenant compte de la grande variété des entités agissant dans le contexte anthroposophique. Il conviendra également de ne pas négliger les recherches académiques annoncées, tant en France que dans d'autres pays où l'anthroposophie, mouvement polymorphe, s'est diversement implantée.

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