Mon frère, Le Maître de notre Fraternité me charge de vous informer quil a été atteint dune très grave hémorragie cérébrale en Septembre dernier. Après un premier mois assez critique, il a pu se rétablir progressivement au point que son état général est maintenant relativement satisfaisant. Toutefois, cela a tellement précipité una cataracte commençante que sa vue, déjà basse auparavant, comme vous le savez, est désormais extrêmement réduite. Comme lhémorragie est trop récente encore pour que lopération de la cataracte puisse être envisagée avant la fin de la présente année, le Maître désire que vous et les Chevaliers de votre Prévôté soyez mis au courant de ces faits qui ont motivé son long silence. Il y a tout lieu despérer que, vers le début de lan prochain, il se retrouvera apte à assumer pleinement, grâce à Dieu, les délicates fonctions inhérentes à sa charge. Dici là, le Maître, vous espérant en bonne santé -- à tous points de vue -- ainsi que les Frères de votre Prévôté, vous charge de rappeler à ces derniers que discussions, controverses et disputes ne sont pas modes dactivité convenables à une Fraternité telle que la nôtre. En tant que membres de notre Chevalerie, nous sommes tous voués à la méditation et à la contemplation, en un mot à la Connaissance, et à rien dautres ; les " oeuvres de miséricorde spirituelle " consistent à transmettre cette Connaissance à quiconque est qualifié pour la recevoir. Entre autres choses, il résulte immédiatement de ce qui précède, quil ne nous appartient pas de " prendre parti ", ouvertement ou non, dans le conflit qui oppose sur certains points Messieurs Guénon et Schuon depuis quelques temps. LHumble Maître considère même quil est opportun et nécessaire de rappeler nettement, à tous, les termes de nos Statuts selon lesquels lui -- et lui seul -- est qualifié pour engager notre Fraternité, sous linspiration du Très Saint Paraclet, à quelque point de vue et en quelque domaine que ce soit, après consultation de son Conseil, si utile. Il est nécesaire et urgent de faire savoir -- ou plutôt de remettre en mémoire -- à vos Chevaliers que celui ou ceux dentre eux qui, délibérément, violeraient les prescriptions édictées par nos Statuts -- entre autres celle du secret -- sexposeraient individuellement ou collectivement à la sanction majeure prévue par ceux-ci. Que ceux-là veuillent bien considérer cet avis comme un dernier et très charitable avertissement de lHumble Maître, et quils soient bien assurés que toute " habileté " est dérisoirement vaine dans le domaine dont ils ont recherché laccès. Vous ne sauriez trop insister auprès de vos Chevaliers sur cette vérité trop souvent perdue de vue : " Ce " vers quoi ils sefforcent ne saurait être obtenu par le moyen de techniques étrangères, souvent imaginées comme des " recettes " quasi-magiques, empruntées ici ou là, et greffées irrégulièrement et dangereusement par des individualités non-qualifiées en ce domaine, mais seulement par une tension permanente, patiente, aussi totale que possible, de toutes les puissances de leur être vers le Centre, tension telle que toutes autres activités lui soient subordonnées et, si besoin est, le jour venu, sacrifiées sans hésitation. Comme exemple, parmi bien dautres, dexercises applicatifs qui se sont révélés fructueux pour tels de leurs Frères, vous pouvez attirer leur attention sur la méditation régulière, fréquente, des Statuts et autres documents et symboles paraclétiques. Se figure-t-on que tout y est exprimé " en clair ", et que, une fois lus passivement, il ny a plus lieu dy revenir, si ce nest comme à un aide-mémoire? Pour nous résumer, lHumble Maître souhaite que lon sinspire plutôt de lexemple que nous a donné à cet égard le Sieur des Combes que de celui de tel ou tel de nos ancêtres spirituels du " groupe de Meaux " qui, en dépit de lexcellence de ses intentions, ne sut peut-être pas toujours complètement échapper aux remous de son siècle. LHumble Maître vous remercie par avance de ce rappel nécessaire, auquel il vous demande de procéder durgence à légard de tous vos Chevaliers. Il pense avoir bientôt de vos nouvelles quil espère bonnes. Que le Divin Paraclet vous soit en aide, mon Frère, et vous ait en sa sainte garde.
LHumble Maître :Le Bailly : Signé : G. Tamos Signé : L. Barmont
Pour copie conforme J.C. En la visite de la Pentecôte 27 Mai 1950 |
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