CESNUR - Centro Studi sulle Nuove Religioni diretto da Massimo Introvigne
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The 2007 International Conference
June 7-9, 2007
Bordeaux, France
Globalization, Immigration, and Change in Religious Movements

Science et religion

by Alex DE VALERA (Université Paris 8)

A paper presented at the 2007 International Conference, Bordeaux, France. Please do not reproduce or quote without the consent of the author.

En guise d’introduction, je voudrais commencer par évoquer les rapports entre la religion et la science dans le cadre du christianisme. La religion traite de questions ayant trait au sens de l’existence, la science à son tour, traite l’homme et l’univers en s’occupant du comment, mais pas forcement du pourquoi. La science s’est éloignée du monde de l’esprit, de l’âme, tel que le concevaient Platon et Descartes, pour s’intéresser  à l’observation de la réalité objective, de ce qui est perceptible et quantifiable.

Il est probable que dans d’autres cultures, comme celle des mayas ou chez les druides celtes,  la connaissance de l’astronomie et de la botanique, allaient de pair avec la fonction religieuse.

En ce qui concerne la civilisation Occidentale et notamment le Christianisme, pendant la période médiévale, c’est l’Eglise qui détient le savoir. C’est elle qui fait bâtir les cathédrales à partir des intervalles de la musique et de leurs rapports mathématiques qui en donnent les proportions géométriques de façon à être en harmonie avec la musique des sphères[1]. C’est elle aussi qui garde jalousement le savoir de la civilisation gréco-latine.

Le christianisme va adopter les théories de l’antiquité et va les marier aux écritures ; il prend le géocentrisme de Ptolémée pour expliquer la position de la terre, et la genèse pour se référer à la naissance du monde. Tout au long de l’histoire de la civilisation chrétienne on trouvera des éléments hétérogènes ancrés dans la mythologie gréco-latine ou dans les légendes païennes des peuples de l’ancien empire qui cohabitent avec des éléments de l’astrologie et de l’ancien et le nouveau testament. Le sommet de la conception médiévale se trouve probablement dans la « Summa Théologiae » de Saint Thomas d’Aquin, qui reprend les concepts d’Aristote, pour qui les éléments de base sont : le feu, l’air l’eau et la terre et la limite du monde est la sphère des fixes, les fixes étant les étoiles accrochées à la sphère céleste transparente. Cette sphère tourne, ce qui permet le mouvement apparent des étoiles et l'existence des constellations. La terre est au centre, fixe et immobile.

Cette description du monde servira d’inspiration a une riche iconographie montrant la voute céleste.  L’univers est peuplé d’anges, d’archanges, les planètes sont suspendues aux sphères célestes transparentes et concentriques que les anges font tourner et leur  mouvement fait monter  la musique des sphères jusqu’à Dieu. L’un des exemples les plus parlants de la conception médiévale du monde sera celle de Dante dans la Divina Commedia. Dante décrit la présence d’anciens héros païens, l’Empereur Trajan et Ripheus le troyen au Paradis. Lucifer règne en enfer avec les anges déchus, éprouve la foi des  hommes et les entraine au péché. On pourrait résumer l’explication du rapport de l’homme avec Dieu et l’univers en citant Pierre Lombard, théologien et docteur de l’université de Paris au XII, qui disait que « l’homme avait été crée pour servir à Dieu et l’Univers pour servir à l’homme, ainsi l’homme se trouve au centre de l’univers pour servir et pour être servi »

Voici la vérité communément admise dans un temps où la référence à l’antiquité et la spéculation théorique dans le respect des textes sacrés avaient la prédominance absolue sur l’observation de la matière.

A la renaissance, quand Copernic par l’observation, arrive à la conclusion que c’est la terre qui tourne autour du soleil et non le contraire, il formule la théorie héliocentrique, il n’ose pas présenter son œuvre comme la découverte d’une vérité, mais plutôt comme une curiosité, un paradoxe ou une hypothèse intéressante. Après avoir développé cette théorie, il va quitter la cour papale et  retourner en Pologne. Ce n’est que sur son lit de mort vers 1543 qu’il reçoit le livre nouvellement publié, dès l’introduction, il s’exprime en s’excusant de son hardiesse et en disant qu’il comprenait que des savants soient offusqués par le fait que l’on ose proférer des idées pareilles, il se défend en invoquant la liberté d’expression et prend des précautions supplémentaires en dédiant son œuvre au pape Paul III.

Au XVIe siècle, on croit fermement que la Terre est le centre de l’univers, qu’elle est immobile. Les textes d’Aristote font autorité et le psaume 96 dans la Bible indique à cette époque[2] : « Tu as fixé la terre, ferme et immobile ». Les chercheurs et scientifiques acceptent certains éléments de la théorie, mais la base de l'héliocentrisme est rejetée. Seulement une poignée de chercheurs s’y intéresse. Parmi eux se trouvent Galilée, Léonard de Vinci et l'astronome allemand Johannes Kepler.

Galilée va perfectionner la théorie de Copernic, il s’acharne à construire des lunettes qui permettront d’avoir un agrandissement plus important des astres et de mieux observer leurs trajectoires. Galilée va de triomphe en triomphe, il éveille la curiosité et l’approbation des esprits éclairés, mais le modèle de Copernic va à l’encontre d’Aristote et des écritures, et les jésuites commencent à regarder le savant avec méfiance.

En 1611, le cardinal, qui a fait brûler Giordano Bruno, ordonne une enquête sur Galilée par l'Inquisition Les 25 et 26 février 1616, la censure est ratifiée par l'Inquisition et par le pape Paul V. La théorie copernicienne est condamnée. Galilée ne subit pas le sort de Giordano Bruno, mais il est prié de n'enseigner sa thèse qu'en la présentant comme une hypothèse. Cet arrêté s'étend à tous les pays catholiques.

En février 1632, Galilée, protégé par le pape Urbain VIII et par le grand-duc de Toscane Ferdinand II de Médicis, fait paraître à Florence son dialogue (Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo),[3] où il compare le géocentrisme de Ptolémée avec le système héliocentrique de Copernic. Le Dialogue sera à la fois une révélation et un scandale. Le livre fait la part belle ouvertement à Copernic et fait fi  de la censure du saint Office.

Le Dialogue se déroule à Venise sur quatre journées entre trois interlocuteurs : La représentation aristotélicienne du monde va être balayée allégrement. Le pape lui-même est furieux, il avait demandé à Galilée une présentation des deux théories pas un plaidoyer pour faire triompher Copernic. Galilée est donc à nouveau convoqué par le Saint-Office, en octobre 1632. A cause de sa santé fragile, il ne peut se rendre à Rome qu'en février 1633. Les interrogatoires se poursuivent jusqu'au 21 juin et la menace de torture est évoquée ; Galilée cède.

Au mois de  juin 1633, la sentence est rendue : Galilée est condamné à la prison à vie[4]  et l'ouvrage est interdit. Il renie également ses découvertes en prononçant la formule d'abjuration que l’Inquisition avait préparée à cet effet. La nouvelle se répand dans toute l’Europe, Descartes préfère rester prudent et renonce à la publication de son « Traité du Monde ».

Cette affaire a beaucoup éprouvé Galilée, il devait avoir à l’esprit l’exemple de Giordano Bruno, mais le coup d’envoi est donné à la Science moderne, le goût de la subversion gagne les esprits éclairés et le divorce de l’Eglise et de la science est consommé, désormais l’empirisme des anglais et le rationalisme de Descartes vont nourrir toutes les recherches des savants pour comprendre la nature. Il faudra néanmoins attendre la fin du XVIIe siècle pour voir se réconcilier la plupart des savants de l'Europe, grâce à la mise en place de la mécanique céleste d'Isaac Newton. Il faut dire que le goût du rationalisme de Descartes ne l’empêche pas d’être profondément croyant et ce sera le cas de la plupart d’hommes de science et de penseurs avant le dix-neuvième siècle. Descartes est en rupture avec la scolastique de Saint Thomas d’Aquin et d’Aristote mais pas avec l’idée de Dieu ou celle de la religion, il considère que l’être humain a une âme et que cette âme est d’une nature différente et n’obéit pas au principe physique de l’inertie. 

1741, devant la preuve optique de l'orbite de la Terre, le Pape Benoît XIV a fait donner par le Saint-Office l'imprimatur à la première édition des œuvres complètes de Galilée. Ce geste casse de façon implicite les sentences de l’Inquisition de 1616 et 1633. A partir de ce moment, les théologiens seront plus prudents avant de condamner les recherches scientifiques sur la base des écritures et un grand travail d’exégèse et de traduction sera mené sur l’ancien et le nouveau testament jusqu’à nos jours.

Le XIXe  siècle :

Au dix-neuvième siècle, l’anticléricalisme, la libre pensée et l’athéisme gagnent du terrain. L’Eglise n’est plus toute-puissante et la science se passe complètement de son approbation malgré quelques remous dans les établissements scolaires tenus par les religieux. La Franc-maçonnerie avance à grands pas, elle recrute dans ses rangs beaucoup d’idéalistes qui rêvent de changer la société et de la libérer du poids de l’Eglise et de la monarchie.

1830 l'Église accepte l'idée que la Terre tourne autour du Soleil.

1858 Charles Darwin expose ses vues sur l’évolution devant la Société linnéenne$$$$$ de Londres, en même temps qu'Alfred Russel Wallace, qui avait élaboré une théorie similaire. L'ouvrage de Darwin L'Origine des espèces par la sélection naturelle est publié un an après et se heurte à une vraie levée de boucliers. De nombreux hommes de science ne démordent pas de la version biblique de la création du monde, quant aux hommes de religion, il est clair que leur opposition sera encore plus longue et plus tenace, cette opposition à la théorie de Darwin continue encore des nos jours dans les milieux fondamentalistes aux Etats-Unis. 

1875 Pour Wunt, la dichotomie entre le corps et l'esprit cesse d'exister ; pour lui, l'être humain est une machine fonctionnant sur un mode d'excitation-réflexe. L'âme, l'esprit, la responsabilité et la volonté individuelle n'existent pas, Marx et Freud adopteront le même postulat. Ces idées sont en rupture avec la conception chrétienne de la responsabilité morale, elles représentent un retour vers la conception païenne où l’être humain est la proie des caprices des dieux, sauf que dans cette conception mécaniste ce ne sont pas les dieux mais les « excitations » du monde extérieur qui détermineront la conduite de l’individu.

1876 En France, le Franc-maçon Louis Blanc (1811-1925) réclame la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

1877 Le Grand Orient de France modifie l'article premier de sa  constitution : A la gloire du grand architecte de l'univers et au lieu d'une croyance en un Dieu ou en l'immortalité de l'âme, il va proférer  « la liberté de conscience absolue et la solidarité humaine ». Tous les liens réguliers de la Franc-maçonnerie avec le Grand Orient de France sont rompus. Le Grand Orient va devenir le bastion des enseignants laïcs.

1884 Encyclique Humanum genus du pape Léon XIII, où il argumente l'incompatibilité entre la foi chrétienne et la Franc-maçonnerie. Il la qualifie de "funeste peste" et dit "qu'il faut arracher son masque à la secte pour la montrer telle qu'elle est. (…).  La Franc-maçonnerie n'est pas autre chose, tout au moins dans les hauts grades, que la religion occulte de Satan".

1889-89 Extraits des idées fondamentales de la pensée de Nietzsche. Le nihilisme[5] a contribué à la montée du matérialisme et à saper les valeurs de la civilisation chrétienne.

« Pour que l'homme vive au plus fort de soi, il faut que Dieu meure, essentiellement le Dieu chrétien, il faut une morale de maîtres, de surhommes…

C'est la fin de l'amour et de la vie. On accueillera la guerre, la destruction, le feu qui brûle les êtres, le génie destructeur du temps, cette gigantesque bataille où nul ne gagne sinon l'Hadès[6]. Je proclame roi le néant, seule valeur ». Nietzsche

Marx et Engels tournent le dos à l'ontologie[7] de Kant en adoptant la dialectique matérialiste ; la psychologie Freudienne et la psychiatrie feront de même, en adoptant une vision mécaniste de l'être humain, complètement étrangère à la religion et la morale traditionnelles.

1890 « Par toutes les voies nous arriverons à proclamer le droit qu'a la raison de réformer la société par la science rationnelle et la connaissance théorique de ce qui est (…). La science est une religion, la science seule fera désormais les symboles, la science seule peut résoudre les problèmes [de l'homme] dont sa nature exige impérieusement la solution ».

Renan, « L'avenir de la science ».

1893 « La Franc-maçonnerie doit se substituer progressivement aux religions… » bulletin du Grand Orient, p. 568.

1895 Naissance de la psychanalyse, point de vue de Freud sur la religion :

 "Tout cela est évidemment si infantile, si éloigné de la réalité que, pour tout ami sincère de l’humanité, il devient douloureux que jamais la grande majorité des mortels ne pourra s’élever au-dessus de cette conception de l’existence (…). Tous ceux qui attribuent la direction de ce qui arrive dans le monde à la Providence, à Dieu ou à Dieu et la Nature, éveillent le soupçon qu’ils se figurent toujours ces puissances extrêmes et lointaines comme des parents, qu’ils les conçoivent mythologiquement et se croient liés à elles par des liens libidinaux".

Cette vision va affecter profondément l'idée que l'homme du XXème siècle aura de lui-même et de ses semblables. A partir du postulat que l'être humain est une chose, qu'il n'a pas d'âme, il sera plus facile de franchir les barrières et de disposer de lui comme d'un objet. Toute réalisation commence par une idée et derrière l'épuration idéologique ou raciale, il y a l'idée tacite de l'homme objet dont on peut disposer à sa guise. C’est une déshumanisation, une réification, que les régimes totalitaires vont mettre en pratique à l’échelle planétaire.

XX siècle, début de l’ère atomique :

A l’aube du vingtième siècle aura lieu une révolution discrète et incontournable, c’est la naissance de la mécanique quantique, dans le sillon de la théorie de la relativité d’Einstein. 

Ces découvertes donneront lieu à plus de soixante-dix ans de controverse. Elles n’auront presque pas d’influence sur le mode de pensée de l’homme de la rue, elles ne sont pas très connues en dehors du cercle restreint des chercheurs jusqu’aux années quatre-vingts mais elles pousseront les États à un degré d’opacité et au culte du secret, à cause du pouvoir de destruction inégalée de l’arme nucléaire et la course effrénée à la supériorité militaire dans ce domaine.

Déjà en 1912 Jung dira : L'homme du vingtième siècle s'est éloigné de l'inconscient en privilégiant à outrance le mode de pensée rationnel. « Le développement prodigieux de la science et de la technique est compensé d'un autre côté par un effroyable manque de sagesse et d'introspection [8]  (…).  La surestimation de la raison a ceci de commun avec un pouvoir d'Etat absolu : sous sa domination, l'individu dépérit ».[9]

1919 Lénine fonde le Komintern. « Nous avons combattu la religion. C'est l'ABC de tout matérialisme et aussi du marxisme. (...). Si Dieu même existait, ce serait pour nous un motif supplémentaire de le détruire... des millions d'ordures, de souillures, de violences, de maladies, de contagions, sont bien moins redoutables que la plus subtile, la plus épurée, la plus invisible idée de Dieu (…). Dieu est l'ennemi personnel de la société communiste ».

Quatre siècles de pensée empiriste, l’emprise du rationalisme et l’éclosion de marxisme laissent peu de place au sacré et aux préoccupations métaphysiques. Les succès de la science moderne ont contribué à l’idée que la vérification expérimentale et les mathématiques, étaient la seule connaissance digne de ce nom. Selon le mathématicien Joseph Grifone, la conception scientiste de la culture et son influence dans les programmes scolaires est une des raisons de notre pauvreté culturelle, d’après lui le scientisme a engendré toute une série de philosophies hasardeuses et superficielles, d’autant plus néfastes qu’elles se présentaient parées du prestige de la science. Au XX siècle, on sera témoin de l’échec du scientisme vis-à-vis des génocides, des régimes totalitaires, de l’asservissement de la science au développement des armes de destruction massive, des profits de l’industrie de l’armement et de l’eugénisme.

1951 l’ingénieur et philosophe américain, fondateur de la Scientologie, Ron Hubbard[10] dira :

« La vie est plus qu'un système mécanique… un organisme mort se désintègre en poussière. Cependant, quelque chose a sans doute  cessé de faire partie de cet organisme, au moment où il est tout à fait mort. Ce quelque chose a été appelé de différentes manières, l’âme humaine, l’esprit, la force vitale. Bergson l’a appelé l’élan vital »…

« Appelons cette énergie vitale par un symbole, pour l’identifier, nous la désignerons par la lettre grecque thêta et la décrirons comme une énergie existante, séparée et distincte de l’univers physique tel que nous le connaissons ».

« Thétan  - la personne elle même - non son corps, son nom, l’univers physique, son mental ou autre chose ; ce qui est conscient d’être conscient ; l’identité qui est l’individu. Ce mot est formé à partir de Thêta, symbole grec de « la  pensée » ou peut-être de l’esprit. Thêta est un statique. Un statique n’a pas de mouvement ; il n’a pas de largeur, ni de longueur, ni d’épaisseur, ni de profondeur ; il n’est pas tenu en suspension par un équilibre de forces ; il n’a pas de masse ; il ne contient pas de longueur d’onde ; il n’est pas situé dans le temps ou dans l’espace. Le statique a la particularité d’agir comme un miroir, il enregistre et conserve les images de mouvement.[11] »

1955 Réflexions de Teilhard de Chardin, jésuite, philosophe et paléontologue : « En apparence la Terre Moderne [12] est née d'un mouvement antireligieux, l'homme se suffisant à lui-même. La raison se substituant à la croyance. (...) La science ne peut aller aux limites d'elle-même sans se colorer de mystique et se charger de foi. (...) L'homme ne continuera à travailler et à chercher que s'il conserve le goût passionné de le faire. Or ce goût est entièrement suspendu à la conviction strictement indémontrable par la science, que l'univers a un sens et qu'il peut ou même qu'il doit aboutir, si nous sommes fidèles, à quelque irréversible perfection. » (...) Pierre Teilhard de Chardin, Le Phénomène Humain.

Le cantique des quantiques[13] :

A la fin du vingtième siècle, des scientifiques comme David Bohm, Karl Pribam, Jean Charon vont se rapprocher de la métaphysique et de la religion[14]. C'est un retour vers la spiritualité par la porte de la science. Sir James Jeans[15], grand précurseur, avait déjà dit en 1932 : « Aujourd'hui on est largement d'accord pour dire que la physique se dirige vers une perception non-mécanique de la réalité. L'Univers commence à apparaître plus comme une grande pensée que comme une grande machine ».

La première manifestation matérielle est la particule. « Dans cette nouvelle sorte de physique, il n’y a pas de place à la fois pour le champ et la matière, car le champ est la seule réalité ».  Albert Einstein.

Les théories les plus récentes sur la naissance de l'univers parlent d'un principe organisateur transcendant la matière. Le physicien John Wheeler décrit ce qui a précédé l'univers comme « un  océan infini d'énergie ayant l'apparence du néant ». David Bohm parle d'une « source éternellement créatrice située au-delà de l'espace et du temps ».

La probabilité mathématique pour que l'univers ait été engendré par hasard est nulle[16]. Les Maçons n'avaient-ils pas fait allusion au Grand Architecte de l'Univers ?

Aucune interprétation de la physique quantique ne repose sur des concepts liés à la physique newtonienne et à la conception communément admise de la réalité.  Tout pencherait à faire croire que qu’il y a une primauté de la conscience sur la matière ce qui nous rapproche des méditations métaphysiques de Descartes et de la théorie des idées de Platon. David Bohm militant de la physique matérialiste  en son temps, a fini par dire que les objets matériels n’étaient que des projections de ce qui est

En 1976 Le Docteur Capra physicien nucléaire disait :   

« Dans la physique classique, il y avait cette notion que les objets sont faits de substance matérielle.

Mais lorsqu'on rentre dans le domaine des particules, on voit qu’elles, ne sont pas constituées d'une substance matérielle. Ce sont comme des amas d'énergie en transformation constante ».

« Quant à la déliquescence de ce qu’on appelle le rationalisme, elle ne gène guère l’homme de la rue, mais perturbe profondément bien de penseurs traditionnels. Mais un autre bouleversement devrait être considéré comme positif : c’est l’abolition du carcan matérialiste et l’émergence de nouvelles possibilités philosophiques. En effet la science du XVIII siècle avait abouti au triomphe du matérialisme  mécanique qui expliquait tout par l’agencement de morceaux de matière minuscules et invisibles, agencement réglé par diverses forces  d’interaction qu’ils exerçaient entre eux. Cette vision assez primitive à laquelle se tiennent la plupart des biologistes avait pour conséquence l’inutilité des religions et des philosophies qui font appel à l’existence d’entités non matérielles. Le fait que ces morceaux de matière se soient révélés n’être en réalité que des abstractions mathématiques non locales, c'est-à-dire pouvant s’étendre à tout l’espace et de plus n’obéissant pas au déterminisme, a porté un coup fatal au matérialisme classique ».[17]  « Une chose est certaine, la situation philosophique et religieuse n’est plus bouchée comme il y a quelques décennies. Tout devient possible, et la situation assez noire, selon laquelle nous serions que le résultat assez éphémère et sans signification de  chocs et des combinaisons de « petites billes » errant dans l’espace, n’est plus la vision scientifique ».[18]

Le Mathématicien Stéphane Lupasco a développé plusieurs questions passionnantes ayant trait à la logique et à la conscience.  Voici quelques extraits de l’article de Random[19] sur son sujet :    « Mais qu'en est-il des énergies non quantifiables, de la conscience, voire de l'âme ? Ce sont encore des énergies, et quand il y a énergie, il existe forcément une logique. La partie et le Tout sont cohérents et contradictoires, mais le chaos n'est nulle part et la logique est partout :

L'âme s'arrache de la matière, du système physique et biologique, car elle est faite de la connaissance et de la conscience des deux  (Les trois matières de Lupasco, p. 94). Cet avènement de l'âme fait surgir dans l'être la conscience, une conscience consciente qui voit la nature des aspects transitoires et opposés de la vie et de la mort ».

 « Dans cet affrontement, se crée une conscience de la conscience, une connaissance de la connaissance, qui est la nature même de l'âme » (Ibid. p. 95). Il fallait, peut-être, parvenir à ces sommets de l'indicible pour comprendre le sens que Stéphane Lupasco prête à ce mot énergie.

 « L'énergie, dans ses constituants les plus fondamentaux, possède à la fois la propriété de l'identité et la propriété de la différenciation individualisatrice ». (L'Expérience microphysique et la pensée humaine, Stephan Lupasco PUF, 1941, p. 1).

« Selon les Védas, l’esprit existe antérieurement à l’espace et a le pouvoir de l’engendrer. Une fois l’espace venu à l’existence, les formes matérielles peuvent s’y déployer. Et ces formes liées à l’espace sont celles qui nous paraissent être la réalité objective … Rien ne s’oppose à ce que nous admettions l’interaction de l’esprit et de la matière. Il suffit de se placer au niveau approprié de la physique… » Brian D. Josephson

(Prix Nobel de Physique en 1973).

­1976 Jean Charon, se situant dans la lignée de la Relativité d'Einstein, élabore la théorie de la Relativité complexe, en ajoutant au continuum d'espace-temps, la nouvelle dimension de l'imaginaire ou de l'esprit. En découvrant que l'esprit est le profond « Dedans » de toute chose, il veut réintégrer l'esprit dans la Matière qui en est le « Dehors ». En refusant que cet Esprit soit exclu de la Science, il est peut-être au point de réconciliation, Dieu n'étant pas seulement l'ordre des relations, mais l'esprit éternel qui s'exprime dans les particules initiales, les « éons », depuis le début jusqu'à la fin des temps.

« Je prendrai volontiers le pari que pour les générations qui vont suivre, la découverte la plus importante de notre vingtième siècle, n’aura été ni celle des forces nucléaires, ni celles touchant au nombreux développement dans l’audiovisuel, ni même celle d’avoir inventé des engins pour nous rendre sur la lune : cela sera la découverte par la physique du monde intérieur ».

« La physique rejoint toutes les religions en concluant à l’immortalité du Moi. Elle vient en même temps de retrouver les bases de la psychologie Jungienne, notamment avec les notions de veille et de sommeil, de conscient et d’inconscient ».

Vincent Vuillemin moine bouddhiste, chef de projet au CERN[20] auteur d’une thèse sur les particules, nous donne une vision alliant science occidentale et philosophie orientale : La matière elle-même est un phénomène et n’a pas d’existence propre, depuis l’équation bien connue d’Einstein E = mc². Aujourd’hui, en physique, on parle de vide et de champ, ce qui en essence est la même chose. En physique des particules, plus nous cherchons à comprendre les fondements de la matière, plus nous trouvons le vide. La notion de particules ou d’ondes est remplacée par celle de champs. Cette expérience met en évidence ce qu’avaient pressenti les Maîtres Zen en parlant d’interdépendance entre tous les êtres au sens large de notre univers, d'interdépendance immédiate, sans aucune séparation spatiale. Il se trouve donc dans notre univers des phénomènes qui sont restés pour longtemps inconnus du monde scientifique et qui se rapprochent de ce qui a été exprimé depuis le début du bouddhisme.

1981, A l'Institut d'optique d'Orsay, l'équipe de recherche menée par le physicien Alain Aspect a effectué une des expériences les plus importantes du XXe siècle : les particules subatomiques comme les photons et les électrons sont capables de communiquer instantanément avec leur doublon indépendamment de la distance qui les sépare.  Qu'ils soient à 10 mètres ou à 10 milliards de kilomètres ne fait aucune différence. Chaque particule réagit au comportement de l'autre comme si elles ne faisaient encore qu'une. Le physicien David Bohm (de l'université de Londres) pense que l'expérience d'Aspect implique que la réalité objective n'existe pas, que malgré sa solidité apparente, l’univers serait un hologramme gigantesque. La raison pour laquelle les particules sous-atomiques sont capables de rester en contact entre elles indépendamment de la distance qui les sépare n'est pas parce qu'ils enverraient un mystérieux signal dans les deux sens (plus rapide que la vitesse de la lumière), mais parce que leur séparation est une illusion. Dans un univers dans lequel rien n'est vraiment séparé d'autre chose, le temps et l'espace tridimensionnel doivent aussi être vus comme les projections d'un ordre et d'une unité plus profonds. Un ordre implicite sous-jacent dans lequel le passé, le présent et l'avenir existent simultanément, la matrice qui a donné naissance à notre univers : à la moindre particule qui a été, qui est et qui sera. le neurophysiologiste Karl Pribram et le professeur Standford  sont aussi persuadés de la nature holographique de la réalité. Un groupe de chercheurs en forte croissance pense que ce paradigme pourrait être le modèle le plus précis qu'on ait actuellement de la réalité.

Mai 1998 Il ne peut y avoir qu'un sens à l'énergie dans l'univers : l'énergie-conscience : « La Conscience est Energie » dit le Shakta Vedanta. L'énergie mystérieuse de Brahman, l'Absolu. Mais l'énergie ou la conscience de Brahman, de Bouddha ou de Lao-tseu, nous l'avons dit, est vide, vide ou immatérielle comme la pensée. Ce Vide contient toutes les énergies. Ce qui nous conduit au concept de pure énergie et de non-matière comme l'avait bien vu Lupasco (Les Trois Matières)[21]. Michel Random

Conclusion : 

A l’aube du troisième millénaire tout est à reconsidérer mais une chose est certaine : les religions portent en elles des vérités que la science n’avait pas les moyens techniques de déceler et comme l’a dit Einstein « La science sans la religion est boiteuse, la religion sans la science est aveugle. » car il manque à la science une vision des questions fondamentales de la quête de l’homme  et de sa nature profonde.

A partir de maintenant rien ne sera plus comme avant, ce sont les scientifiques sans le vouloir qui se sont trouvés face aux problèmes ontologiques posés par la religion et malgré tous leurs efforts pour garder le côté rassurant de l’ancien déterminisme ils se sont trouvés face à une  remise en question aussi importante que celle que Copernic avait occasionné de son temps. Il est possible comme le disait Charon, que le plus grand événement du XXe siècle ait été la « découverte du monde intérieur ».



[1] D’après la théorie médiévale il y avait des sphères transparentes et concentriques auxquelles étaient suspendus les astres, au centre du système était la terre, immobile et le mouvement de sphères produisait une musique inaudible pour les hommes, qui montait jusqu’à Dieu.

[2] Depuis il y a eu un énorme travail de traduction et d’exégèse en partant des diverses sources anciennes de la    Bible.

[3] Les deux grands systèmes du monde.

[4] Le Pape fera commuer la peine en détention à domicile.

[5] Nihilisme : du latin nihil (rien). Scepticisme absolu ; négation totale de toute hiérarchie de valeurs ; doctrine du néant.

[6] Hadès : Dans la Grèce antique, monde souterrain où demeurent les âmes des morts.

[7] Etude de l'être en tant que tel.

[8] C.G. Jung Psychologie et Religion, p 35 - Trad. par M. Bernson et G. Cahen. – 1ère  ed. Paris : Buchet/Chastel, 1958.

[9] C.G. Jung "Ma Vie", p 344 : Souvenirs, rêves et pensées / recueillis et publiés par Aniela Jaffe ; trad. par R. Cahen et Y. Le Lay. - Nouv. ed. rev. et aug. - Paris : Gallimard, 1973.

[10] Voir L’Eglise de Scientologie de J. Gordon Melton, Ed. Elledici, Turin, 2002. ISBN 88-01-02362-6 et le chapitre sur ce sujet dans Croire et guérir de Régis Deriquebourg, Ed, Derby 2001. ISBN 2-84454-076-7.

[11]  Voir Science de la Survie, de L. Ron Hubbard, chapitre 1.

[12]  "Terre moderne" dans le sens latin, monde moderne, monde d'aujourd'hui.

[13]   Allusion à l’ouvrage de Sven Ortoli et Jean Pierre Pharabod, ed. La Découverte, 2004.

[14]   Voir : La Plénitude de l'Univers,  David  Bohm ;  Le monde éternel des éons, Jean Charon ; Le Tao de La   physique,  Fritjof Capra ; Le cerveau holographique, Karl Pribham.

[15]  Célèbre astronome, mathématicien et physicien britannique, auteur de l'Univers Mystérieux, Cambridge University Press, 1932. Il enseigna à Cambridge et à Princeton.

[16]   "Pour l'élaboration d'une molécule d' ARN [N.B.  acide ribonucléique], il faudrait des essais pendant 1015  années soit 100 000 fois plus que l'âge total de notre Univers". Jean Guitton de l'Académie Française, Dieu et la Science, Berrnard Grasset, p. 87

[17] Sven Ortoli et Jean Pierre Pharabod, le Cantique des quantiques, p. 125

[18] Sven Ortoli et Jean Pierre Pharabod, ibid. p. 125

[19] Michel Random (Bulletin Interactif du Centre International de Recherches et Études transdisciplinaires n° 13 - Mai 1998

[20] Le plus grand laboratoire des particules au monde, près de Lausanne.

[21] Bulletin Interactif du Centre International de Recherches et Études transdisciplinaires n° 13 - Mai 1998.