RELIGION AND DEMOCRACY: AN EXCHANGE OF EXPERIENCES BETWEEN EAST AND WESTTHE CESNUR 2003 INTERNATIONAL CONFERENCE |
Le 21 avril 2002, les Français élisaient une seconde fois Jacques Chirac, représentant la droite modérée à la présidence de la République avec la surprise que lon sait : le chef du Front National est arrivé en seconde position devant le candidat socialiste Lionel Jospin qui occupait le poste de premier ministre jusqu'à sa candidature à lélection présidentielle.
Lors des élections législatives qui suivirent lélection présidentielle, les Français envoyèrent une majorité dunion de la droite républicaine modérée à la Chambre des Députés permettant ainsi à Jacques Chirac de gouverner comme il lentend. Celui-ci nomma Jean-Pierre Raffarin comme premier ministre, lequel constitua son gouvernement.
La coalition sortante comprenant les socialistes, les verts, le parti communiste et ses apparentés était connue pour son opposition aux sectes et aux groupes qui leur sont assimilés. Les tentatives délimination, déniées ou non, de toute forme de religiosité non-conformiste furent critiquées par des organismes internationaux de défense des droits de lhomme, des associations de défense des libertés religeuses, ainsi que des chercheurs et des hommes politiques étrangers. Aussi, les milieux qui sintéressent à lacceptation des groupes religieux minoritaires en France et certains groupes eux-mêmes ont attendu les premières mesures que le gouvernement français prendraient vis-à-vis des sectes.
La situation globale en France
En France, la gestion du religieux repose sur le régime de la séparation de lEtat et les Eglises, qui est fondé en droit par la loi de 1905. Celle-ci traduit au plan légal une conception philosophique des liens entre lEtat et la société appelée la laïcité, mot impossible à traduire dans dautres langues. Elle exprime au plan légal le processus social selon lequel la religion perd peu à peu son influence sur lindividu et la société que lon a appelé la sécularisation.
Selon la loi de 1905, la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte, elle ne simmisce pas dans les affaires intérieures des religions. Vis-à-vis des religions, elle nest concernée que par lordre public. Pour des commentateurs de la loi comme le Pr. Jacques Robert, cette loi nautorise pas la République à établir une distinction entre les Eglises établies et les sectes. Au contraire, elle ouvre la voie au pluralisme religieux puisquil ne peut plus exister de religions officielles ou tout au moins de religions privilégiées par lEtat. Ce pluralisme avait été inauguré par le Concordat napoléonien en 1802 puisquil établissait le régime des cultes reconnus limité à lépoque au catholicisme, au protestantisme et en 1808 au judaïsme. Avec le Concordat, lEglise catholique cessait dêtre la religion de la France. Un pluralisme des grandes confessions était établi ; la loi de 1905 permit daller plus loin dans le pluralisme. Toutefois, si les groupes religieux minoritaires peuvent, en principe, pratiquer et se développer librement, il nobtiennent pas nécessairement la reconnaissance plénière comme association culturelle qui permet comme les Eglises établies de recevoir des dons et des héritages, de visiter les prisonniers et les militaires, dêtre exonérés de certaines taxes. Cette pleine reconnaissance est accordée par le Bureau des Cultes du Ministère de lIntérieur après une étude du dossier et à la demande du mouvement religieux. Aucune secte ne bénéficie de la reconnaissance plénière. En fait, la plupart dentre elles ne lont pas demandée.
En France , les ressources mobilisées pour la lutte contre les sectes sont disproportionnées par rapport a la taille du non-conformisme religieux. En effet, le phénomène des minorités religieuses est numériquement peu important. Les principaux mouvements sont : les Témoins de Jéhovah (130 000 fidèles + 70 000 sympathisants), les Adventistes, les Evangélistes (Assemblées de Dieu, Porte ouverte chrétienne, Evangélistes tziganes), les Mormons (31 000 fidèles) les Scientologues (4000), la Soka Gakkaï. Beaucoup de groupes se situent aux environs de 1000 fidèles (Antoinistes, Science Chrétienne, Ivi, Raëliens, Aumisme, Hare Krishna), La Famille (ex-Enfants de Dieu) disparue. Il ne reste que 400 moonistes. Enfin, il existe de multiples cercles parfois éphémères dadeptes du New Age. Le nombre total de ces fidèles ne doit pas dépasser 400 000. Parmi les Eglises établies, la plus importante est le catholicisme, suivi par lislam, le protestantisme et le judaïsme.
Est-ce que lon constate une évolution de la politique vis-à-vis des groupes religieux minoritaires en France ?
En France la gestion du religieux relève en principe du Bureau des cultes du ministère de lIntérieur. Il a une fonction juridique et il se charge dinstruire les demandes de reconnaissance. Il est aussi la police des cultes. Toutefois, sous la pression des associations anti-sectes, les parlementaires se sont penchés sur le phénomène des sectes.
Un premier rapport établi sous la direction de M. Alain Vivien (parti socialiste) a été déposé en 1983. Un second rapport confié à Jacques Guyard (parti socialiste) intitulé « Les sectes en France » a été remis au gouvernement le 22 décembre 1995. Il est inutile de revenir sur la méthodologie de cette enquête. Elle a été suffisamment critiquée et discréditée par de nombreux chercheurs étrangers et français.[i] Toutefois, les conclusions alarmantes auxquelles il aboutissait incitèrent le premier ministre de la droite revenue au gouvernement, M. Juppé, à créer un observatoire des sectes placé sous la direction de M. Guerrier de Dumast en 1996.
De nouveau au pouvoir, le gouvernement socialiste a créé, en 1998, à côté du Bureau central des Cultes (mais sans lien officiel avec lui), un organisme chargé de lutter contre le sectes, placé sous la direction du premier ministre et appelé Mission interministérielle de lutte contre les sectes, dont le responsable fut Alain Vivien, ancien dirigeant dun mouvement anti-sectes, le Centre contre les manipulations mentales (CCMM), fondé par lécrivain rationaliste Roger Ikor. Les pouvoirs de cette mission étaient mal définis. En principe, elle coordonne la lutte contre les sectes, ce qui signifie que le premier ministre de lépoque, Lionel Jospin, officialisait un combat contre les sectes. Cette mission était composée de quarante personnes. Elle entretenait des liens étroits avec les groupes anti-sectes, dont elle était le relais officiel. Elle eut un rôle de conseil auprès des ministères pour établir un maillage dagents chargés de contrer les sectes par le biais de cellules anti-sectes dans les administrations de léducation nationale, de la jeunesse et des sports, des affaires sociales.
Le 10 juin 1999, le député Jean-Pierre Brard livra un rapport intitulé « Les sectes et largent », le fruit du travail dune commission denquête sur les finances des groupes religieux minoritaires.
La Mission interministérielle de lutte contre les sectes a favorisé la rédaction de la loi About-Picard (12 juin 2001), qui a été jugée sévèrement par des juristes, des universitaires, tant en France quà létranger, comme en témoigne cette formule du spécialiste en droit, Patrice Rolland : « Au total, la loi du 12 juin 2001 nest quune loi médiocre qui reflète passivement les perplexités de lopinion publique française à légard de ce quon appelle les sectes. Faute de comprendre son objet et le sens de ces transformations du religieux, elle risque soit de porter atteinte à la liberté fondamentale soit, peut-être à cause du risque, de rester lettre morte. Cest probablement ce quon peut souhaiter de mieux[ii]. » Le 18 juin 2003, après la chute du gouvernement socialiste, Alain Vivien a démissionné de la MILS et celle-ci a été dissoute.
Confronté à lhéritage de la gestion des sectes par les socialistes, le gouvernement de la droite modérée se trouvait devant plusieurs choix : ne rien faire et confier la gestion des groupes religieux minoritaires au Bureau des Cultes du Ministère de lIntérieur, renouer avec lobservatoire des sectes mis en place par M. Alain Juppé , créer une nouvelle commission. Le nouveau premier ministre adopta cette dernière possibilité. Il avait le choix entre la placer sous la direction du ministre de lIntérieur, chargé des cultes, ou la conserver sous la responsabilité du premier ministre. Il adopta cette dernière solution. Par un décret daté du 28 novembre 2002, il institua « Une mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ».
Dans son objet, la MIVILUDES a un rôle dobservatoire « du phénomène des mouvements à caractère sectaire dont les agissements sont attentatoires aux droits de lhomme et aux libertés fondamentales ou sont une menace pour lordre public ou sont contraires aux lois et aux règlements » ; de favoriser la prévention et la répression de ces agissements » ; de réunir de linformation sur ces mouvements, dinformer le public sur les risques de dérives sectaires.
Un président a été nommé : Jean-Louis Langlais, haut fonctionnaire du ministère de lIntérieur. La MIVILUDES est dotée dun comité (Président et secrétaire dun comité exécutif de pilotage qui comprend des membres des divers ministères, chargés de mission et sous-directeurs) ainsi que dun conseil dorientation composé de personnalités diverses choisies en raison de leur compétence. Le conseil dorientation comporte trois catégories de membres : les parlementaires (8), les associations (8), les personnalités qualifiées (14). La mission est nommée pour trois ans.
La MIVILUDES sest donné un premier programme daction. Toutefois, on peut faire quelques réflexions à son propos.
1) La MIVILUDES concerne les dérives sectaires et non les sectes. M. Langlais affirme que le changement dappellation marque la volonté de rassurer les sectes qui craignaient pour la liberté religieuse. Lintention mérite dêtre signalée mais très vite, la MIVILUDES sera confrontée à un problème de taille : comment définir les « dérives sectaires ». Si les sociologues peuvent définir les traits sectaires qui constituent les éléments du type-idéal de la secte, sils constatent quil y a des traits sectaires dans les Eglises et quil y a des traits ecclésiaux dans les sectes, comment les juristes traiteront-ils cette expression ? Le droit français ignore la notion de « secte » ; alors, peut-il connaître la « dérive sectaire » et lui donner une définition juridique ? On le voit, le problème est repoussé mais non résolu et la commission risque de discuter sur le sexe des anges. Dautre part, si la référence religieuse disparaît, certains demanderont que lon soccupe des « dérives sectaires » dans tous les mouvements, y compris dans les partis politiques. Dans un entretien accordé à Willy Fautré, Président de Human Rights Without Frontiers International, M. Langlais montre quil est conscient de ce problème et il affirme quil vise plutôt les groupes qui ont un comportement délictueux ou qui placent les « victimes » dans un état de sujétion et demprise. Mais comment prouver ces choses en justice ? M. Langlais en reconnaît lui-même la difficulté.
2) La composition de la MIVILUDES diffère-t-elle réellement de celle de la MILS ? Elle inclut des personnes déjà présentes dans cette dernière. Sy ajoutent des personnes connues pour leurs réserves ou tout simplement pour leur hostilité envers les sectes. Les personnalités qui étaient chargées de la question des sectes dans les divers ministères entrent dans le comité de pilotage. Les parlementaires nommés au comité dorientation se sont illustrés par des interventions publiques négatives envers les sectes. On y retrouve notamment : Jean-Pierre Brard, Alain Gest et Nicolas About, qui est lun des auteurs de la loi About-Picard. Les associations anti-sectes sont représentées aux côtés dassociations de parents délèves qui ont manifesté leur hostilité envers les groupes religieux minoritaires. On trouve parmi les personnalités qualifiées plusieurs personnes proches de lAssociation pour la Défense de la Famille et de lIndividu (ADFI), qui sopposent fortement aux sectes, ainsi que des proches du Centre contre les manipulations mentales. Dans son entretien avec Willy Fautré (le 3 mars 2003), M. Langlais justifie leur présence en affirmant « quil ny aura pas dattitude sectaire à légard de ces mouvements ». Daprès sa composition, la MIVILUDES devrait avoir un préjugé négatif vis-à-vis des sectes. Toutefois, il convient déviter les procès dintention. Les mêmes personnes peuvent reprendre le problème autrement en fonction du programme quon leur donnera et de la méthode de travail quelles adopteront. Mais, de leur côté, les groupes religieux minoritaires peuvent craindre le retour des vieux réflexes.
3) Les déclarations dintention. Dans la presse, le président de la MIVILUDES a aussitôt annoncé que la nouvelle mission sattacherait à la protection des mineurs et quelle naurait pas une vigilance inférieure à celle de la MILS (La Croix, 14/01/02), Vingt Minutes (même date), Libération (même date). Dans un entretien accordé au magazine La Vie (N°2996, 30 janvier 2003), le président de la MIVILUDES affirme que le changement de nom de la mission signifie que les objectifs ont changé : il ne sagit pas de lutter contre les groupes eux-mêmes mais contre les dérives auxquelles ils pourraient se laisser aller. Il annonce deux chantiers : la protection des mineurs et laide aux victimes. Le commentateur de La Vie trouve en ceci une nouvelle orientation : il ne sagit plus de réprimer mais daider. Le président de la MIVILUDES est présenté comme un homme qui ne fait pas partie du « sérail anti-sectes ». Dautre part, M. Langlais affirme que la MIVILUDES continuera à sensibiliser les chefs détablissements, les magistrats, et que lon formera des formateurs à lintérieur de léducation nationale.
Le 4 avril 2003, nous avons été informés par Le Figaro dune autre prise de position. Lors de la première réunion du conseil dorientation de la MIVILUDES, M. Pierre Steinmetz, directeur du cabinet du premier ministre, aurait affirmé : « Le premier ministre a souhaité que la tâche entreprise depuis des années sous limpulsion de plusieurs parlementaires ( ) soit poursuivie et, si possible, développée ». Il a ajouté que les pouvoirs publics ne devaient pas se contenter de sanctionner les atteintes aux libertés, mais devaient « aussi identifier et dénoncer les comportements qui, en amont de la violation dune liberté, en menacent lexercice ». Pour la journaliste qui rapporte ces faits, « cela risque de faire grincer les dents des responsables des grandes confessions et des sociologues du fait religieux qui considèrent la lutte contre les sectes comme une atteinte à la liberté de croire ». Dun autre côté, en novembre 2002, le premier ministre aurait affirmé que « lEtat na pas vocation à lutter contre les sectes » et le ministre de lIntérieur aurait de son côté affirmé que « le problème des sectes ne doit pas devenir une obsession ». On peut conclure de ces prises de position diverses quavec le phénomène des non-conformistes religieux, le gouvernement est confronté à un exercice délicat.
4) Le décret instituant la MIVILUDES a été contesté en justice par lEglise de Scientologie.
Les réactions de quelques personnes concernées
Nous avons essayé de faire des pointages auprès de personnes concernées par les libertés religieuses. Le site Internet de « Liberté Spirituelle » a reproduit un article sur les limites des actions de relations publiques, assez pessimiste sur les rapports entre les groupes religieux et les médias pour lancer un débat. Un correspondant (qui signe Capfrance1) répond que ce texte traduit le climat qui régnait à la fin des années 2000-2001 mais que la situation a changé « Pendant toute cette année, les médias ont arrêté de recopier bêtement les dossiers de presse que leur glissaient lADFI, le CCMM et la MILS, et ont commencé à publier le pour et le contre, presque systématiquement. On note dans les rédactions une certaine lassitude contre lextrémisme anti-sectes. Les journalistes ny croient plus, même si on les incite fortement à noircir le trait. Certains avouent même en privé quils arrivent à passer dautres points de vue lorsque le rédacteur en chef nest plus là (authentique !) ». Il ajoute comme preuve dune évolution que la MIVILUDES « prend une direction assez différente » (de celle de la MILS). Lauteur de ce message ajoute aussi quil possède des témoignages détaillés sur le changement (sauf erreur de ma part, le signataire parle au nom dune association engagée dans la lutte pour la liberté religieuse). Un groupe religieux ma envoyé comme preuve dune volonté de transparence, des lettres et des circulaires le concernant confiées à sa demande par les administrations.
Dautre part, nous avons réalisé un petit sondage auprès de 15 porte-parole de groupes religieux minoritaires, présents en France, à propos dun changement éventuel de politique du gouvernement de la droite modérée vis-à-vis des groupes religieux minoritaires. Il sagit en fait plutôt du relevé de quelques positions établi daprès un bref questionnaire auquel ces personnes ont aimablement répondu au téléphone ou à loccasion dune rencontre. Cette enquête est poursuivie pour atteindre un effectif plus représentatif. En létat, il faut le considérer comme provisoire.
Dans un premier sondage de 15 groupes religieux minoritaires, présents en France (Mormons, Raëliens, Hare Krishna, Horus, Antakharana, Rose-Croix, Mandarom, Eglise Evangélique de Besançon, Science Chrétienne, Invitation à la Vie, Scientologie, Reiki, Eglise de lUnification, Soka Gakkaï, Alliance), une nette majorité de mouvements (11/15) attendaient un changement de politique à légard des sectes.
A la question, « Si oui, pourquoi ? », nous avions demandé de choisir au maximum deux des motifs suivants :
1) parce que la droite na pas didéologie anti-sectes ;
2) parce que la droite est plus tolérante que la gauche ;
3) parce que la droite na pas didéologie anti-religieuse ;
4) parce que la droite soccupera de questions plus importantes ;
5) parce que la droite voudra se démarquer de la gauche ;
6) parce que la droite est moins liée aux obédiences maçonniques antireligieuses.
Les choix se portent sur tous les motifs avec une répartition majeure presque égale sur les trois derniers (5,4,4). Ceux qui ont répondu « non » justifient leurs réponses par le fait que les mentalités sont imprégnées par lanti-sectarisme et parce que la droite voudra satisfaire lopinion publique ou les électeurs. Nous avons ensuite demandé aux porte-parole de ces groupes sils avaient constaté un changement dattitude du « gouvernement » à légard de leur propre mouvement. Aucune tendance ne se dessine : 6 « oui », 6 « non » et 3 « ne sais pas ». La réponse affirmative est motivée principalement par les meilleurs contacts avec les administrations (on répond à nos courriers, quelques décisions ont été favorables). Certains NSP sont accompagnés de « oui, en général ». On suppose quils nont pas dennuis ou quils nont pas tenté de démarches en faveur de leur mouvement. Une réponse négative est justifiée par lattitude des services fiscaux, qui reste la même.
Quand nous interrogeons les mouvements sur un changement du discours sur les sectes dans les médias, nous obtenons 6 « oui » contre 9 « non ». Certains notent le silence, une ouverture timide. Un autre dit que « ça sest dégonflé ».
Treize groupes contre deux ont entendu parler de la MIVILUDES : 6/13 connaissent son organisation mais peu connaissent les premières nominations (3/12 et une non-réponse).
A la question ouverte « Que pensez-vous de la MIVILUDES ? », les réponses sont négatives, comme celles-ci :
« on efface tout et on recommence »
« je minterroge sur la liste des décideurs »
« le conseil dorientation est un rassemblement des plus extrémistes anti-sectes qui existent en France »
« le lobby anti-sectes a agi, Raffarin la continué ».
Un seul salue la nomination dun haut fonctionnaire à sa direction et trouve en la MIVILUDES un « rétrécissement par rapport à la MILS ». Un autre se limite à citer son but : « protéger les enfants mais pas attaquer les groupes ».
Quand on demande si la nouvelle majorité va être plus tolérante vis-à-vis des sectes que la gauche, moins tolérante ou pareille, les avis sont généralement partagés entre « plus tolérante et pareille » (7-5-1 NSP, 2 « autres »). Dautre part,
4 choix se portent sur la proposition « la MIVILUDES sera une copie de la MILS »
7 choix sur « la MIVILUDES sera plus libérale que la MILS »
1 choix sur « la MIVILUDES sera plus dure que la MILS »
11 choix sur la proposition « elle est maintenue pour satisfaire un certain public »[iii].
Cette dernière proposition est adoptée à la fois par ceux qui pensent que la MIVILUDES sera la copie de la MILS et par ceux qui pensent que la MIVILUDES sera plus libérale. Cela tient à lambiguïté des questions. On peut penser que le gouvernement a maintenu une commission pour satisfaire le public, ceux qui ont un préjugé négatif envers les sectes, mais quil tentera dêtre plus ouvert ; dautres peuvent penser que ce sera le statu quo (même intransigeance que la MILS afin de satisfaire le public anti-sectes)[iv].
Enfin, jai proposé six attentes vis-à-vis du gouvernement à propos des groupes religieux minoritaires :
- labrogation de la loi About-Picard lemporte (8) à égalité avec
- la garantie du pluralisme religieux (8)
- la création dune représentation des groupes religieux minoritaires en France (5)
- la reconnaissance de tous les mouvements religieux minoritaires comme associations cultuelles (4)
- une sélection des sectes dangereuses et autres (2)
- la création dune commission pour discuter de leurs problèmes avec le gouvernement (3)[v]
Conclusions
Après la chute de la majorité de gauche, les groupes religieux minoritaires attendaient un changement dattitude de la droite modérée à leur égard. Globalement, ils supposaient quil y aurait une ouverture. La création dune nouvelle mission sur les sectes ou du moins sur les dérives sectaires les a surpris et sa composition les a irrités. Ils continuent néanmoins globalement à accorder un crédit de confiance à la droite, bien que certains aient déjà renoncé à attendre quelque chose de positif. Labrogation de la loi About-Picard et la garantie du pluralisme religieux symboliseraient sans doute, à leurs yeux, un changement. En aparté, les groupes religieux minoritaires confient quils restent néanmoins vigilants et toujours prêts à continuer la lutte contre les conduites quils estiment menaçantes envers eux. Il semble quon est vigilant des deux côtés.
Règis Dericquebourg
Groupe de sociologie des religions
Université Charles De Gaulle Lille 3
[i] Cf Massimo Introvigne ed. Pour en finir avec les sectes, Paris, Dervy, 1996. Françoise Champion et Martine Cohen, ed : Sectes et démocratie, Paris, Seuil, 1999.
[ii] Patrice Rolland : « La loi du 12 juin 2001 contre les mouvements sectaires portant atteinte aux droits de lhomme ; Anatomie dun débat législatif ». Archives de Sciences sociales des religions, 2003, 121 janvier-mars, pp 149-166.
[iii] Il y a plus de choix que de groupes car je laissais deux choix maximum.
[iv] Idem.
[v] Idem.
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